paquebot
la maison face à la tempête

nave da crociera
la casa di fronte alla tempesta
passenger liner
the house facing the storm
Ce haïku, dominé par l’élément eau, contient un toriawase remarquable. En effet l’autonomie grammaticale et sémantique des deux lignes produit un saut sans lien logique apparent. D’une brièveté fulminante, écrit en 7 mots seulement, dont 3 principaux, paquebot, maison, tempête, toutefois paquebot et maison présentent des similitudes dans le sens que tous les deux offrent un abri pour les personnes, l’un sur la mer, l’autre sur la terre, s’ouvrant ainsi à une association d’idée. Le toriawase, une juxtaposition de deux expressions distinctes, fait ici fonction de comparaison et rend bien l’impression que l’on peut avoir durant une tempête de se sentir comme dans un vaisseau sur une mer démontée. Dans le style occidental, attaché à la conséquence logique des expressions, on aurait pu lire « la maison comme un paquebot dans la tempête », mais l’effet n’aurait pas autant d’impact.
Le paquebot en L1 face à la tempête perd de son image sereine et imposante et donne une impression de vulnérabilité. Nous sommes ici dans l’évocation, typique du style oriental, où l’émotion ressort sans être explicitement nommée.
Ce texte suggère un sentiment de fragilité face aux éléments de la nature qui se déchaînent. En symbologie, la maison peut être une représentation de nous-même. Comment réagissons-nous, que ressentons-nous face aux adversités?
Merci à l’auteure.
Nadine Léon
Sélection, traduction et commentaire par Nadine Léon dans le cadre de Haïku Column, école internationale de haïku. Gratitude 🙏
